Twittering birds never fly, tomes 1 à 5 - Kou Yoneda
Titre: Twittering birds never fly
Auteur: Kou Yoneda
Éditions Taifu comics
Genre: manga, yaoi
Âge: 18+
5 tomes parus, série en cours
SERVICE PRESSE
Âge: 18+
5 tomes parus, série en cours
SERVICE PRESSE
Résumé:
Yashiro, un
masochiste totalement dépravé, patron d’un clan de yakuza et de la société de
finance Shinsei, embauche comme garde du corps Chikara Dômeki, un homme
taciturne et peu bavard. Yashiro tombe peu à peu sous le charme taciturne de
Dômeki, mais ce dernier reste impassible aux avances de son patron. C'est le
début d'une histoire oppressante entre Yashiro qui ne parvient pas à surmonter
ses traumatismes d'enfance et Dômeki qui tout en obéissant sans mot dire aux
ordres de son patron, cache au fond de lui une cicatrice plus profonde...
Chronique d'Aurélie
Tout d’abord un grand merci à Taifu comics pour ce beau
partenariat inattendu. Pour l’anecdote, j’ai reçu le tome 5 par erreur sans
avoir lu les autres tomes, mais j’ai décidé de me lancer tout de même, afin de
me faire une idée de la série. J’ai adoré ce tome 5, et pourtant, force est de
reconnaitre que n’ayant pas lu les tomes précédents, je n’en ai pas compris
plus d’une grosse moitié. Alors j’ai décidé d’acheter les autres tomes et de
les dévorer pour en savoir plus sur Yashiro et Dômeki. Et la magie s’est faite,
c’est donc un coup de cœur que je vous présente aujourd’hui, en remerciant
vraiment Taifu comics de m’avoir permis de plonger dans cette histoire !
Je vous laisse découvrir quelques-unes des couvertures de
cette série. Je les trouve magnifiques, particulièrement celles des tomes 1, 3
et 5. Elles y mettent en scène, dans des tons allant du gris au noir qui s’adaptent
à la perfection à cette série très sombre, toute en nuances de gris, Yashiro
et/ou Dômeki, dans des positions ou expressions qui ne laissent aucun doute sur
l’aspect torturé et complexe de l’histoire.
Les dessins, à l’intérieur, sont splendides. Les personnages
sont variés, réalistes dans leurs âges ainsi que dans leurs visages pas
toujours beaux. Ce sont des dessins sombres, crus, avec beaucoup de violence et
de sexe, qui restent pourtant assez softs, même si l’ambiance est dure et nous
tient en haleine. Certaines scènes sont parfois choquantes, particulièrement
celles du passé de Yashiro, tout en restant correctes et très lisibles même
pour un public peu averti (qu’on se le dise malgré tout, ce manga n’est pas à
mettre entre les mains des enfants et demande pas mal de maturité pour être lu,
il contient énormément de violence et de déviances sexuelles). Pour autant,
malgré ce manque de visuels hyper « explicites », dirons-nous, il n’y
a aucune scène réellement censurée, et les passages érotiques sont très forts.
L’histoire est très complexe. Bienvenue dans le monde tout en
nuances des yakuzas. Ce thème est très bien mené, on sombre directement dans l’atmosphère
des gangs, leurs déviances, leurs perversions, leur cruauté et leur brutalité,
même si on aperçoit des personnages très humains, et que certains vont parfois
nous surprendre dans leurs choix, sentiments et réflexions. Nous allons suivre
dans ce manga de nombreux personnages de tous âges (j’ai apprécié l’idée qu’on
s’attache à un personnage comme Misumi et qu’on apprécie sa relation
tendancieuse avec Yashiro, alors qu’il a pourtant 62 ans), mais plus
particulièrement l’un d’entre eux : Yashiro. J’aurais pu dire deux d’entre
eux, parce que Dômeki a presque autant d’importance que Yashiro, mais pour moi
Yashiro a une telle présence qu’il prend largement le dessus sur tous les
autres. Même si Dômeki est nécessaire à l’intrigue et permet également de
donner plus de relief encore à Yashiro.
Je vais cependant vous parler particulièrement de ces
deux-là, qui forment le duo principal et central de l’intrigue, même si nous
avons une vision plus vaste du milieu yakuza par le biais d’autres personnages,
reliés ou pas (du moins, pas directement) à cet univers. Entre autres, j’ai
cité Misumi, supérieur de Yashiro (il est aussi son protecteur et ancien amant),
mais j’ai beaucoup aimé aussi suivre les personnages plus ou moins sombres et
plus ou moins agréables de Ryûzaki (rival de Yashiro), Nanahara et Sugimoto
(hommes de main de Yashiro, ou encore Kageyama et son jeune amant (médecin et
meilleur ami de Yashiro). Ce sont tous des personnages de haute valeur que j’ai
beaucoup appréciés.
Il y en a d’autres, comme Hirata, que j’ai détestés, mais qui
ont aussi une immense importance dans l’intrigue. Ce que j’aime dans cette
histoire, c’est qu’il n’y a ni blanc, ni noir. Tout est nuancé, il n’y a pas
vraiment de « gentils » et de « méchants » (en fait, d’un
certain côté, on est parmi les méchants, au final, ici !), et on voit que
la frontière entre le « bien » et le « mal » est parfois si
fine et étriquée que même les policiers ne sont pas toujours du côté où l’on
pense qu’ils devraient être. À l’inverse, les yakuzas font parfois preuve d’une
humanité et d’une bienveillance touchantes.
Yashiro est un gros coup de cœur, pour moi. Même s’il a des
côtés extrêmement détestables, notamment dans sa façon de blesser les autres,
qui l’entourent. En fait, il le fait par peur, autant de s’attacher qu’on s’attache
à lui, et il tente de les éloigner de lui en les meurtrissant par ses mots
parfois horribles. Il ne prend jamais de pincettes et dit toujours ce qu’il
pense, c’est choquant, ça fait mal. Particulièrement, il s’en prend à Dômeki,
lui rappelant notamment son impuissance (dont nous reparlerons, le thème de ce
manga est original et vraiment génial !), il est cruel dans ses mots, ce
qui est généralement assez contradictoire avec son comportement et ce qu’il
renvoie comme énergie.
Il s’attache très vite à Dômeki, il se sent rassuré par sa
présence, et en même temps, il a peur de s’attacher à lui et de le perdre. Voire
de devenir dépendant de lui. Du coup il passe son temps à l’attirer, le
repousser, revenir vers lui, complètement contradictoire dans sa façon d’être.
Parfois il l’oblige à rester près de lui, d’autres fois, il le chasse mais ne
peut s’empêcher finalement d’aller le chercher et de lui en vouloir d’être
parti. On sent qu’il dépend de plus en plus de la force tranquille, de l’amour
inconditionnel et de la tendresse de Dômeki tout en les refusant. Il veut
garder son indépendance, mais au fond, ne cherche-t-il pas à pouvoir enfin se
reposer sur quelqu’un et se sentir simplement aimé ?
Yashiro est un personnage extrêmement complexe, au passé très
torturé. Violé par son beau-père pendant des années alors qu’il n’était qu’un
enfant, il a acquis au fil du temps une immense dépendance au sexe hardcore. Il
se fait sans cesse insulter, devant lui ou dans son dos, traité comme une
chienne lubrique jamais satisfaite et qui a besoin de se faire dégrader,
humilier et frapper, en prime. C’est un véritable dépravé sexuel, qui semble
fier de l’être. Mais au final, derrière ses fanfaronnades, je suis persuadée qu’il
tente de dissimuler (y compris à lui-même) un fort besoin d’être aimé et traité
avec affection et passion. Ce qui le terrifie, ce qu’il estime, je pense, ne
pas mériter. C’est un homme brisé, qui s’est pourtant forgé, grâce à son
addiction pour le sexe débauché, une personnalité forte capable d’affronter
vents et marées.
J’adore cette dualité, chez Yashiro. Face à Dômeki, on
ressent fortement cette fragilité à fleur de peau qu’il possède au fond de lui,
mais face au reste du monde, il est fort, il va de l’avant, il fait face à l’adversité
et a gravi les échelons sans mal, il est intelligent et n’a pas froid aux yeux,
et il dirige ses hommes d’une main de fer. Ses hommes qui l’apprécient malgré
ses mots durs et ses dépravations, parce qu’il reste un patron bienveillant qui
sait apprécier ses employés à leur juste valeur et prend soin d’eux.
D’un autre côté, il y a Dômeki, l’homme qui semble n’avoir
rien à faire dans le milieu des yakuzas. Il est droit, loyal, fidèle et
courageux, et surtout, il porte à son patron un amour et une admiration
indéfectibles. Il est comme un roc qu’il semble impossible d’ébranler. Il a
vécu lui aussi des choses très difficiles, qui ont fait de lui un homme
impuissant, le contraire, donc, de Yashiro qui ne pense qu’à se faire sauter.
Ce contraste est extrêmement original, et crée une dynamique, dans les premiers
tomes, vraiment passionnante. D’autant qu’évidemment, son amour pour Yashiro,
devenant plus fort au fur et à mesure qu’il s’attache à ses pas, va lui causer
de nombreuses émotions et sensations oubliées… contre lesquelles il lutte. Il
sait que Yashiro ne s’attache à personne, il a peur que s’il venait à réaliser
ses sentiments et son désir pour lui, celui-ci le chasse. Or, ce qu’il veut
par-dessus tout, c’est rester auprès de son patron.
La force de son amour est touchante, autant que la manière
dont Yashiro lutte pour ne pas s’éprendre de lui. Au final, les bagarres entre
yakuzas, les guerres de clans, etc, sont presque comme une métaphore de la
lutte qui oppose Yashiro et Dômeki, entre eux, et contre eux-mêmes. Un combat
perpétuel contre leurs émotions, mais aussi pour ne pas laisser exploser de
vieilles blessures jamais cicatrisées.
Je pourrais parler encore longtemps de cette série très riche
en émotions et en action également. Un manga qui mêle violence, sexe,
sentiments, politique et rivalités, à un rythme effréné et haletant. Il arrive
qu’on ait du mal à suivre tout ce qui se passe, surtout sur les retours en
arrière dans le passé, d’autant qu’on aperçoit parfois des personnages qu’on
maîtrise moins que nos deux héros, et que les personnages, dans ce manga, sont
très nombreux (et se ressemblent, pour certains). Mais cela reste une lecture
coup de cœur pour moi, et je n’ai qu’une hâte : découvrir la suite,
prochainement j’espère ! <3
Points
positifs : de très beaux dessins ; une intrigue très creusée et
très riche ; un rythme d’action et d’évènements haletant ; deux héros
troublants, attachants et complexes ; beaucoup d’émotions et de sentiments
troubles qui se développent et nous prennent souvent à la gorge !
Points
négatifs : pas toujours facile de suivre l’intrigue quand il s’agit de
personnages secondaires, notamment dans les retours sur le passé ;
certains personnages, en plus, se ressemblent et parfois j’ai mis du temps à
comprendre de qui il était question.
Note : 4,8/5
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